Le système tunisien de protection sociale présente des acquis, mais également des faiblesses qu’il serait nécessaire de placer dans un cadre comparatif afin de mieux évaluer les performances de la Tunisie.
En Tunisie, le système de sécurité sociale est composé d’une multitude de régimes et de législations différentes qui distinguent les cotisants selon leur statut (salariés ou indépendants) et selon le secteur d’activité (agricole ou pas). Ce système est également constitué de régimes spécifiques relativement récents qui ont pour objectif de cibler une population active occupée plutôt précaire et faiblement couverte par la sécurité sociale.
Selon une comparaison faite par l’Ites (Institut tunisien des études stratégiques), dans le cadre d’une étude ayant pour thème “Protection sociale et informalité en Tunisie : de multiples interdépendances”, pour positionner la Tunisie par rapport à des pays voisins comparables et bien mesurer l’écart avec des pays qui servent de référence en termes de protection sociale, le pays devance de loin ses voisins. En effet, d’après le rapport de l’OIT (Organisation internationale du travail) sur la période 2020- 2022, la Tunisie présente un taux de couverture du régime contributif (34,6%) bien plus élevé que celui du Maroc (17,2%) et de l’Algérie (16,9%). La Tunisie se présente également au-dessus de la moyenne mondiale (32,5%), mais loin derrière les pays d’Europe du Nord (51,2%).
Par ailleurs, en ce qui concerne le taux de la population couverte par au moins une prestation de protection sociale (santé exclue), la Tunisie est la première avec un taux de 50,2%, contre 20,5% pour le Maroc et 34,7% pour l’Egypte, alors que la moyenne mondiale a atteint un taux de 46,9%.
Sur un autre plan, les résultats montrent que la Tunisie a des marges d’amélioration importantes au niveau de la couverture du risque « perte emploi », puisque seulement 3% des chômeurs sont couverts par un dispositif de sécurité sociale, contre 8,8% en Algérie et un taux mondial moyen de 18,6%. Cela pourrait constituer un argument pour améliorer la couverture sociale et baisser la taille du secteur informel.
Selon les chiffres communiqués, certains groupes vulnérables comme les personnes présentant un handicap lourd ne bénéficient pas de couverture adéquate. Avec un taux de couverture de 5%, la Tunisie se situe loin derrière la moyenne mondiale (33,5%) et celle des pays d’Europe du Nord (95,6%).
Par ailleurs, la Tunisie présente un taux de couverture des personnes âgées relativement élevé par rapport aux autres pays d’Afrique du Nord (85,4% contre 63,6% en Algérie, 23,4% au Maroc et une moyenne mondiale estimée à 77,5%). Cela s’explique en partie par des taux de couverture passés plus élevés en comparaison à ces mêmes pays.